Par: Mladenka Perroton
Date: 31. 01. 2015 - 2:10

« Accomplis chaque jour une chose qui te fait peur »
Eléanor Roosvelt



Cerveau gauche-cerveau droite

Souvenez-vous de la dernière fois où vous avez piqué un fou-rire ? Souvenez-vous de la chaleur et de la douce quiétude qui s’en suit ? Le corps est lourd et léger à la fois. Lourd car on sent sa présence bien physique et ancré. Et léger car la respiration se fait fluide. Dit simplement : mais qu'est-ce que cela fait du bien!

Avez-vous remarqué : rares sont les adultes qui se permettent de jouer, de se tourner en autodérision et d'en être exaltés ? 

Qu’est ce qui fait que nous « jouons aux adultes » sans arrêt ? Nos marques sur nos visages en témoignent : chaque souci y a apporté une petite touche…Nos expressions en témoignent. 

Croisez-vous souvent les gens aux visages ouverts, aux yeux qui brillent, une posture droite sans être rigide ? Je parle des adultes dans le tram, bus, sur les trottoirs, aux supermarchés ? Dans vos bureaux ?

D’un point de vue psychologique : nous laissons régner notre cerveau gauche, celui de la raison, du mental, de la logique…au détriment de celui qui « sait jouer » et qui sait, qui plus est, « que jouer ce n’est pas grave ». Le cerveau droit. 

Ceci dit, les deux vont bien, ils ont leurs mérites et sont nécessaires à notre survie et notre développement. Il faudrait juste les équilibrer un peu. 

Si je cite Eléanor Roosvelt plus haut, c’est pour faire le lien entre la peur et sa présence constante dans nos vies d’adultes, et celle de l’absence de jeu.

La peur est un grand et vaste thème, rien que de prononcer ce mot – les gens en ont l’horreur.

Ou ils font semblant que cela ne les concerne pas.

Comme dit Antoine Paje dans son magnifique livre « Et il me parla de cerisiers, de poussières et d’une montagne… »- «  on cherche des synonymes acceptables : le stress,  la crise, le mal-être, les réactions des autres… ».

Tant de noms pour une même chose !

Je me souviens également les réactions de certains de mes amis à la suite de mon premier article "Deux vieilles copines"  où il est question de la peur…

« Le premier effort, la première étape consiste à cesser d’avoir peur…du terme « peur » ».** Encore d’Antoine Paje.

Et si l’antidote de la peur est de jouer ?

Et si on arrêtait de nous prendre au sérieux et de chercher à être parfaits (car derrière cela se cache une peur d’être jugé – soit par nous-mêmes soit par les autres)? 

C’est le combat perdu, que celui d’être parfait ! Pourtant, pas mal d’entre nous, nous entêtons avec une obstination qui puise dans les dernières réserves de nos ressources.

A quoi jouons –nous ? Est-ce que « jouer aux adultes » est un jeu qui a un prix élevé ?

De toute évidence.

Notre santé, notre manque de bien-être, notre stress nous en disent long…

Pour nous connecter à nos ressources, à notre bien-être, à notre créativité, celle qui trouvera les réponses et les solutions aux problèmes les plus complexes, et ceci de manière inattendue, il faudrait bien nous stimuler, beaucoup plus souvent, notre cerveau droit. Là où siègent la musique de Mozart (un clin d’œil à Christian Bobin), les musiques rock, l’art. Là où est caché notre « accès à ce que l’on aime, à ce qui est essentiel pour nous « ***.


Antidote au stress

Le cerveau humain est capable d’établir de nouveaux schémas, de manière permanente, lorsqu’une nouvelle manière de faire est appliquée pendant 21 jours.

Si les exercices ne sont pas respectés, ne serait-ce un seul jour, il faudrait recommencer le processus – pour un nouveau cycle de 21 jours.

Admettons que vous avez décidé de vous « dérider », de devenir plus « joueur », de relativiser…de vivre la vie en retrouvant la même exaltation, aussi souvent que possible, que lorsque vous étiez enfant ?

Je vous propose alors de combiner deux exercices : l’un « exercice de 21 jours » et l’autre « de développer votre ambidextrie ».

Le deuxième consiste à vous servir aussi souvent que possible dans la journée, mais en tout cas minimum 15 minutes, de la main qui n’est pas prédominante (la main gauche si vous êtes droitier, la main droite si vous êtes gaucher »). Ceci pendant 21 jours !

A la suite de maintes études il a été constaté que la coordination de deux côtés du corps résulte par un fonctionnement plus harmonieux de notre cerveau.


Les bienfaits sont indéniables, même après seulement quelques jours d’utilisation.

Afin de nous rappeler cet exercice, plusieurs astuces sont proposées :

  • Mettre un bracelet coloré (bricolé en 2 minutes d’un simple fil à tricoter…ou autre) 
  • Acheter un bocal et quelques galets et y déposer, tous les jours un galet, pour en avoir 21.

Maintenant, comment vous prendre pour cet exercice ?

Au quotidien, brossez vous les dents, brossez vos cheveux, tenez la porte…. avec la main « qui sait pas faire ». Ou si vous êtes un bon joueur, commencez à écrire, ne serait-ce quelques minutes, avec la main moins adroite.

Si vous êtes une femme : je vous propose de vous maquiller avec la main « moins utilisée ». 

Le résultat final « esthétique » le premier jour, peut être catastrophique, j’en conviens, mais qu’est ce que cela est amusant ! 

Vous pouvez vous exercer à jouer au tennis, badminton, au billard (si ce sont les sports que vous pratiquez, avec vos copains), où tout le monde utilisera la main moins dominante.

Se réveillera, tout d’un coup votre sens d’autodérision. 

Osez manger avec la main « moins utilisée » dans un restaurant huppé et branché !  Tout en assumant, fièrement, votre bracelet (de 21 jours) unique !

Vous allez constater un progrès fulgurant au point de vous demander, à la fin « mais en effet, pourquoi utilisons-nous une seule main pour certaines tâches, alors que nous en avons bel et bien deux ?! »

Le but de cet exercice et son résultat sont beaucoup plus profonds à ce qui ne parait.

Vous allez être capable de trouver d’autres solutions que celles qui se présentaient jusqu’à maintenant, vous allez avoir la capacité d’avoir un autre point de vue, de comprendre mieux les réactions des autres.

Sans parler que cela va vous rendre plus tolérant. Evidement ! 

Car vous allez devoir y aller très lentement avec les tâches que vous accomplissez avec « l’autre main ». Cela va vous rendre plus patient. Cela va vous rendre drôle aux yeux de vos copains, de votre famille. Surtout de vos enfants qui vont être ravis que vous soyez « comme eux » (je suis sûre qu’ils vont vouloir s’y mettre…ce sont les enfants, …c’est leur nature intrinsèque de jouer), ce qui constituera un soutien non négligeable !

Alors jouons pour – grandir !

** « Il me parla de cerisiers, de poussières et d’une montagne… » - Antoine Paje

*** « Fais ce qu’il te plaît » - Maud Simon

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